Les bâtisseurs du XIXe siècle

Les bâtisseurs du XIXe siècle

Leur fortune vient de la terre dont ils sont propriétaires depuis plusieurs générations. Au cours de la seconde partie du XIXe siècle, qui leur est particulièrement favorable, ils affichent leur prospérité en construisant entrées monumentales, maisons de maître ou maisons bourgeoises que l’on retrouve aujourd’hui sur tout le territoire de la commune.

Les entrées monumentales

Spécialité du Loudunais, elles sont particulièrement bien représentées à Ceaux. Elles obéissent toutes aux mêmes règles : une ouverture principale, porche ou portail, encadrée de deux ouvertures piétonnières dont l’une est aveugle, choix esthétique de la symétrie ou volonté de limiter l’impact de l’impôt sur les portes et les fenêtres, comme on l’a parfois avancé.

Entrées monumentales du XIXe siècle
Dans le bourg (à gauche), version porche avec la date de construction, 1894 ; d’autres propriétaires ajoutent leurs initiales.
Aux Trépeaux (à droite), version portail et grille avec décalage de la porte piétonnière aveugle pour adapter le modèle à la situation de carrefour. Les grilles ont pu tardivement remplacer les porches pour s’adapter aux engins agricoles.
Photos SN, 2021 et 2018

Des variantes peuvent être imposées par l’espace disponible, la particularité du terrain ou… les disponibilités financières du constructeur.

À La Polka, une variante des porches à trois portes
Avec initiales et date (1882).
La petite porte s’ouvre à l’intérieur du portail, équilibrée par une moulure qui simule une troisième ouverture.

Les maisons de maître

Situées au cœur d’un vaste domaine agricole et accolées aux bâtiments de ferme, elles sont un signe visible de réussite. À Ceaux, elles sont calquées sur un même modèle, la maison du Grand-Chaunay sur la commune voisine de Pouant, érigée dès 1852 par Jean Petit-Dudoy, héritier d’une famille de meuniers et de paysans.

La maison de maître de Bellevue (Les Trépeaux)
Bien visible, sur une hauteur et au milieu des terres qu’elle permettait de surveiller.
À l’extérieur, elle obéit à toutes les règles du genre en ajoutant l’usage de la brique comme élément décoratif des annexes, très en vogue sous le Second Empire.
Sur la gauche, l’incontournable élément du parc, le cèdre. Photos SN, 2021

variantes liées au goût personnel ou aux ressources financières du propriétaire, elles se caractérisent par un toit d’ardoise, un nombre important d’ouvertures alignées et symétriques (trois par étage), percées dans des murs épais en pierre de taille et moellon, la présence assez fréquente de lucarnes et des cheminées extérieures symétriques marquées aux initiales du constructeur.

À l’intérieur, on trouve régulièrement un couloir central qui traverse la maison, de hauts plafonds (3 m au Grand-Chaunay), une cheminée dans chaque pièce, au rez-de-chaussée comme à l’étage, un escalier intérieur avec une rampe de fer forgé. Elle est le plus souvent prolongée par un jardin d’agrément, voire un parc dans lequel on multiplie les essences exotiques, notamment les cèdres.

À l’intérieur des villages, le modèle repris par d’anciens cultivateurs devenus rentiers, devient maison bourgeoise.

Il faudrait aussi évoquer les toits d’ardoise, lucarnes, porches, balcons de fer forgé, et même un escalier monumental qui décorent les façades de la principale rue du bourg refaites à la même époque.

Sources et références :

– Pour les caractéristiques générales des maisons de maître, wikipedia.org.

– Pour la maison du Grand-Chaunay, AD 86 4 E 54, marché du 8 juin 1852.

Pour aller plus loin : promenade n° 6, L’ancienne paroisse de Joué, pp. 39/40 (pour le prototype de la maison de maître)

Les pigeonniers

La commune n’a conservé aucune fuie ronde, autrefois privilège des seigneuries nobles ou bourgeoises capables de garantir un arpent (environ 2/3 d’ha en Loudunais) de terre cultivée par nid (un boulin). Celui d’Artigny se devine sur un plan détenu au château. Ceux du prieuré de Ceaux, de La Faverie et du château de Chavagne sont encore visibles sur les plans de 1838.

Deux pigeonniers du XIXe siècle
À Joué, visible à droite, en venant de Ceaux, en entrant dans le village.
À La Gouinière, visible depuis la route Loudun-Richelieu, sur la droite, en passant devant le hameau. Il se caractérise par des boulins en terre cuite.
Photos SN, 1997 et 2021

Aucun des trois pigeonniers carrés de la commune ne figure sur les plans de 1838. Ils ont été construits plus tard, à l’image de celui d’Artigny qui porte la date de 1846.