Le patrimoine religieux

Le patrimoine religieux

Héritière de deux paroisses, la commune avait deux églises. Reconstruite au XIXe siècle, l’église romane de Ceaux a complètement disparu. Transformée en bâtiment agricole, celle de Joué a conservé sa structure générale.

L’église Notre-Dame de Ceaux

Quelques repères historiques :

Le 18 juin 1863, une violente tornade venue des plaines d’Angliers s’abat sur le bourg. Un peu affaiblie en traversant Ceaux, elle n’en cause pas moins de considérables ravages décrits, le 21 juin, puis le 5 juillet, dans le Journal de Loudun. De l’église romane, « il ne reste plus que la masse du clocher et des pans de murs ». La reconstruction va s’appuyer sur ces vestiges.

Dès le 7 février 1864, le Conseil municipal adopte un projet de reconstruction. L’architecte richelais, M. Favreau, a choisi de la rebâtir sur les fondations existantes, avec prolongation de 6 mètres à l’est, mais il abandonne le style roman au bénéfice d’une église néo-gothique, « dans le style du XIIIe siècle » qui lui paraît correspondre à l’image même d’une église. La reconstruction peut commencer.

Indispensable à la célébration du culte, le « vaisseau central » (chœur et nef) est achevé dès 1865, « avec trois nefs, comme dans l’église primitive ». L’année suivante, la base du clocher est reprise « sous œuvre », avec le porche gothique et la grande rosace qui éclaire le nouveau jubé destiné aux garçons. Les travaux s’arrêtent là, provisoirement, faute d’argent, mais l’église peut être consacrée, le 6 novembre 1866, en présence de Mgr Pie, évêque de Poitiers assisté de Mgr Antoine-Charles Cousseau, évêque d’Angoulême et de quarante prêtres venus du Poitou et de Touraine.

La façade principale de l’église consacrée en 1866
Elle est le résultat des plans de M. Favreau et des travaux de l’entreprise Foucrault de Poitiers. Une toiture provisoire coiffe le clocher en attente d’une dernière tranche de travaux.

Il faut attendre la fin des années 1870 pour que la flèche soit enfin construite sur le dernier étage du clocher, « malheureusement conservé comme reste de l’ancienne église ». Les échafaudages sont encore en place en 1881, lorsque le conseil municipal prévoit de les utiliser pour fixer un paratonnerre à la pointe du clocher.

La nouvelle église :

Le choix architectural de M. Favreau s’inscrit dans le retour au style médiéval dont Eugène Viollet-Leduc est le chef-de-file incontesté. Il doit cependant tenir compte de deux impératifs, bâtir sur les bases encore en place de l’ancienne église et composer avec les moyens financiers limités de la commune.

Le plan dressé en 1865
De l’ancienne église, il conserve la largeur en bâtissant sur les fondements existants, la division de la nef en trois parties et le narthex saillant (le « clocher restauré ») absent de la grande majorité des églises gothiques. Côté chœur (l’« Abside »)  l’achat d’un terrain permet de rallonger l’édifice de 6 m. La nécessité de s’adapter aux finances communales prive l’église du complément indispensable de l’architecture gothique, la sculpture.
La façade, projet et réalisation
La reconstruction prévoit le maintien de « la masse du clocher » encore en place, en progressant du rez-de-chaussée vers le troisième étage. Particulièrement délicats, les premiers chantiers se font
« sous œuvre ». Grande innovation et élément majeur de décoration, la rosace renforce le caractère néo-médiéval de l’édifice. Faute d’argent, les modifications prévues pour le dernier étage n’auront jamais lieu. Le clocher sera directement posé sur la partie encore existante.

Il faut franchir le seuil pour retrouver des transfuges de l’ancienne église : un reliquaire du XIIIe ou du XIVe siècle, destiné à accueillir la relique de saint Fort et un crucifix du XVIIe, brillamment restauré en 2000 et fixé sur une nouvelle croix, mieux adaptée à sa taille. La grosse cloche datée de 1695 ne doit pas faire illusion : effectivement offerte à cette date par Charles Auguste de Mondion et son épouse Marie Dumond, elle a été refondue en 1857 à l’initiative de leurs successeurs. Sorties de la fonderie Bollée d’Orléans, en 1898, les deux petites cloches sont également un don des propriétaires d’Artigny.

Le XIXe siècle apporte aussi les vitraux historiés du chœur, commandés à l’atelier Lobin de Tours considéré, par les chercheurs actuels, comme l’un des plus importants de son époque, le grand autel « de style ogival », masqué après Vatican II mais à nouveau offert aux yeux des fidèles, et un reliquaire en bois doré du même style, inauguré en septembre 1919 pour la reprise du pèlerinage de saint Fort.

Les deux reliquaires
Photos Vincent Aguillon, 2003

Principales sources et références

– Pour l’historique de la construction : AD 86, série O, projets Favreau, avec plans et élévation, 12 février et 6 juil. 1865  – 15 mars 1866 (clocher) – expertise du 3 mars 1868 – contre-expertise du 15 mars 1868 – polémique à propos d’une subvention, 25 mai 1883 – procès-verbaux de réunions du CM, 7 février 1864, 20 fév. 1876 et 4 sept. 1881 – Archives paroissiales, P 1 C 1-2, registres de catholicité, 1866.

– Divers : inscriptions des cloches – Mairie de Ceaux-en-Loudun, rapport de restauration du crucifix sous la direction de Bernard Brochard, Inspecteur Général des Monuments Historiques, juin 2000 – Louis Charbonneau-Lassay, Saint Fort de Tourtenay et son culte à Ceaux-en-Loudun, Loudun, 1919.

Pour aller plus loin : promenade n° 4, À partir du bourg (1), pp. 7/15.

L’église Saint-Pierre de Joué

Quelques repères historiques :

Venant de Ceaux et avant de tourner sur la RD 61, le promeneur distrait ou l’automobiliste pressé remarquent à peine, sur leur droite, les deux fenêtres aux arcs surbaissés du chevet de l’ancienne église.

Au bord de la route : les témoins de l’ancienne église
Vieux mur en petit appareil aux joints discrets et fenêtre à arc surbaissé.
Photo SN, 1995

Transformée en bâtiment agricole à partir de 1827, l’église a depuis longtemps perdu son clocher réparé, en 1673, par François Potier, père et fils, maçons de La Brandalière (Claunay), grâce à la générosité de Gilles Sanglier, seigneur et fondateur du lieu. Elle est pourtant là, avec sa structure intacte que l’on découvre en contournant l’édifice : abside, bâtiment plus haut de la nef, narthex plus bas ouvert par la porte principale sur la cour de l’ancien presbytère.

L’entrée principale de l’église
Le portail, dont la trace est encore visible, ouvrait sur le narthex, refuge possible contre les intempéries. Les fidèles pénétraient ensuite dans la nef (bâtiment plus élevé).
Photos SN, 1995 et 2020

Si l’on ignore quel blocage a conduit au choix d’un chevet plat, si peu courant dans les églises romanes du Loudunais, on peut y voir la volonté d’inclure l’église fondée par les Sanglier dans les limites de leur seigneurie. On peut également penser que la volonté d’orienter le chœur vers l’est a empêché une ouverture principale logique sur le chemin.

Il en résultait une situation extrêmement inconfortable pour les curés qui voyaient les fidèles entrer dans la cour de leur presbytère à chaque office, voire l’envahir les jours de grandes cérémonies, avec toutes les nuisances que pouvait engendrer cette situation. On comprend mieux la tentative du curé Levrault de condamner cette ouverture en 1742 (Voir partie histoire).

Principales sources et références

– Vente de 1828 : AD 86 2 C 2983, enregistrement des actes civils publics, 18 mai 1828.

– Réparation du clocher en 1673 : AD 86, registres paroissiaux numérisés, 7 juin 1673.

– Litige de 1742 : AD 86 4 E 53 208,11 novembre 1742.

Pour aller plus loin : promenade n° 6, L’ancienne paroisse de Joué, pp. 9/13.